La Biofabrique est une coopérative créée par et pour les agriculteurs qui souhaitent réduire leur dépendance aux intrants de synthèse. Le lancement d’un atelier mutualisé de fabrication de bio-intrants, une première en Belgique, vise à faciliter l’accès à des produits efficaces et à un coût permettant leur diffusion en grandes cultures. 

Aider les agriculteurs qui franchissent le pas

En matière d’agriculture, l’illusion d’une solution chimique pour chaque difficulté a fait long feu. La prise de conscience est de plus en plus grande et les voix sont de plus en plus nombreuses pour alerter sur les dangers d’un usage intensif d’intrants de synthèse tels les engrais chimiques ou les produits phytosanitaires. 

En plus de poser des problèmes de santé publique, ces intrants de synthèse sont en effet une réelle menace pour la biodiversité et les écosystèmes. Les agriculteurs, premiers concernés par ces questions, en sont pour la plupart bien conscients. 

Pour autant, le passage d’un système de production agricole dépendant d’intrants de synthèse à un système plus respectueux de ces écosystèmes nécessite une période de régénération des terres. En conséquence, les agriculteurs qui choisissent de s’orienter vers l’agroécologie éprouvent généralement des difficultés pratiques et financières pendant les trois premières années de cette transition. 

Un groupe de 25 agriculteurs en agroécologie – le GAA Phytobiome – et le Groupement de Recherche sur l’Environnement et d’Etudes de nouvelles Techniques culturales – Greenotec – ont donc décidé de collaborer pour mettre en place des solutions. Cette collaboration a débouché sur la création de « La Biofabrique », une coopérative économiquement pérenne, centrée sur un atelier mutualisé de production de bio-intrants.

Familiariser le monde agricole aux bio-intrants

La Biofabrique vise à professionnaliser la production des bio-intrants, afin de faciliter l’accès à des produits efficaces, à un coût permettant leur diffusion en grandes cultures. Ces bio-intrants, constitués de micro et macro-organismes, d’extraits de plantes ou de composés d’origine biologique ou naturelle réduisent, voire suppriment, le recours aux pesticides et aux engrais chimiques. Leur utilisation permet non seulement de limiter les impacts sur la biodiversité mais aussi de sécuriser et d’accélérer la transition agroécologique d’une parcelle.

Si les agriculteurs portent un intérêt croissant à ces solutions, peu d’entre eux les appliquent concrètement. L’acquisition de nouvelles compétences, une efficacité dépendante de la qualité du produit et du contexte et une mise en œuvre complexe pour la production des volumes nécessaires constituent en effet des freins importants à leur adoption. 

En plus de professionnaliser la production, La Biofabrique a donc pour deuxième objectif de développer une expertise commune. Celle-ci doit notamment passer par la mutualisation des compétences mais aussi des expérimentations conjointes ou encore l’échange des expériences et des savoir-faire, de conseils et de formations pour améliorer les pratiques. 

Un premier atelier de fabrication amené à se multiplier

Un premier atelier mutualisé de fabrication de bio-intrants devrait être opérationnel d’ici décembre 2025. Cet atelier, qui constitue une première en Belgique, remplira différentes fonctions. 

  • Produire localement du compost de haute qualité microbiologique et le transformer en extraits de compost.
  • Produire localement des plantes médicinales et les transformer en extraits végétaux.
  • Fournir un service de biostimulation des semences.
  • Distribuer les ingrédients nécessaires à l’élaboration par les agriculteurs des solutions précitées.

Containers maritimes isothermes, cuves de fermentation, matériel agricole de compostage et de récolte permettront ainsi à moyen terme d’obtenir du compost, des plantes médicinales et des extraits végétaux. 

L’initiative sera ensuite étendue à différentes régions, quand les procédés techniques seront éprouvés et la demande supérieure à la capacité de production. Le but est d’implanter dans trois ans, des containers de production locaux à Walhain, Enghien, Huy où l’on retrouve un grand nombre des membres du GAA. 

La Fondation QiGreen approuve la recherche par La Biofabrique d’alternatives aux intrants de synthèse en vue de conserver les sols. La Fondation reconnaît par ailleurs la pertinence de l’atelier mutualisé de production et de formation afin de professionnaliser la démarche auprès de tous les agriculteurs désireux de se passer de produits de synthèse. Elle apprécie également le modèle économique pérenne mis en place. C’est pourquoi elle contribue financièrement pendant un an au soutien de la phase d’amorçage de la coopérative programmée du 1 janvier 2024 au 31 décembre 2025.