Trois associations unissent leurs énergies et expertises respectives pour développer et pérenniser une légumerie. Un projet d’économie sociale et solidaire qui entend proposer une alimentation saine à un public de plus en plus large.
Un projet, trois associations
L’accès à une alimentation de qualité ne va pas de soi. Surtout dans un contexte de forte inflation qui augmente encore plus le risque d’insécurité alimentaire. Or, une alimentation de qualité est aussi un enjeu crucial de santé publique.
C’est pourquoi, trois associations ont réuni leurs énergies et expertises respectives pour concevoir et mettre en œuvre un projet de production et de distribution d’une alimentation de qualité en Région wallonne.
- La Cuisine des Champs transforme et commercialise les produits issus du maraîchage bio et local ;
- Crabe forme un public en démarche d’insertion dans les métiers de la terre, dont le maraîchage bio ;
- Groupe Terre apporte son expérience dans la mise en place et le développement d’entreprises d’économie sociale et solidaire en gestion participative.
Ce projet d’économie sociale et solidaire répond à un double besoin. D’une part, relocaliser des activités agro-alimentaires en Wallonie et, d’autre part, offrir des possibilités d’insertion professionnelle dans ce secteur.
Une première phase fructueuse
La collaboration entre ces trois asbl n’est pas neuve puisqu’elles gèrent déjà en commun la légumerie Terra Alter Belgique, qui produit, distribue et transforme des légumes cultivés localement et labellisés bio.
Les trois associations souhaitent aujourd’hui renforcer, développer et pérenniser la légumerie, en la dotant de plus de moyens en équipement et en personnel mais aussi en augmentant largement le nombre de ses bénéficiaires.
À cette fin, un nouveau projet a démarré en 2023 avec une première activité pilote visant principalement à expérimenter le passage à une production plus importante. Sa mise en œuvre porte d’ores et déjà ses fruits : équipement d’un nouvel atelier de production, recrutement et formation d’un chef d’atelier, recherche de nouveaux fournisseurs et clients, modélisation du projet et développement du business plan et du plan financier.
Des effets économiques et sociaux
Aujourd’hui, la consommation de produits issus de l’agriculture biologique reste limitée à des personnes aisées financièrement. Ces personnes ne représentent évidemment pas la majorité de la population. En visant principalement les collectivités, le projet cherche donc à englober plus de personnes, indépendamment de leur situation socio-économique.
En plus de toucher un public plus large, le projet peut entraîner de nombreux autres effets économiques et sociaux.
- Soutenir la filière agricole wallonne de l’agriculture biologique.
- Décarboner la filière en limitant les transports de légumes entre les producteurs et les consommateurs grâce à la production et à la transformation locales.
- Faciliter la consommation de produits durables et sains, en particulier pour les enfants par le biais des cantines scolaires.
- Créer des emplois liés aux différents aspects de production, transformation, livraison des produits alimentaires.
Concernant plus spécifiquement les emplois au sein de la légumerie, le projet offre de nombreuses opportunités de fonctions de première ligne qui sont abordables par tous. Crabe assure par ailleurs la formation professionnelle au métier d’agent de micro-transformation alimentaire.
Relever le défi de l’autonomie financière
Étant donné les moyens limités dont disposent les collectivités, le défi de la légumerie est de fournir des produits de qualité pour un prix concurrentiel, tout en garantissant un revenu équitable aux travailleurs. Un tel défi implique néanmoins des marges économiques très faibles.
Actuellement, le déficit financier est partiellement compensé par des subsides des pouvoirs publics qui ont reconnu le projet en tant que service d’intérêt économique général (SIEG). Les associations escomptent cependant que le nouveau modèle sera financièrement autonome en 2027.
La Fondation QiGreen reconnaît que l’accès de tous à une alimentation de qualité est une question clé en cette période d’inflation. Elle estime que ce projet a la capacité d’attirer l’attention des pouvoirs publics sur la difficulté des collectivités à se fournir en produits alimentaires durables. Elle en apprécie aussi les retombées environnementales, via le circuit court, et sociales, via la création d’emplois. C’est pourquoi la Fondation apporte son soutien au projet en contribuant aux charges opérationnelles du démarrage, en tant que levier stratégique pour atteindre le seuil de rentabilité envisagé.