Face à la disparition continue des fermes en Belgique, des acteurs engagés choisissent de montrer une autre image du métier d’agriculteur afin de le rendre attrayant. Dans cette perspective, la Compagnie Quelqu’unS et le Petit Théâtre de la Grande Vie ont fait le choix de coproduire « Semer-Cueillir-Manger-Devenir (le monde) ». Une pièce poétique et politique écrite et mise en scène par Jeanne Cousseau.
Un mélange de réalités du terrain, de poésie et de réflexions
Pour être au plus proche des réalités du métier, le spectacle se construit à partir d’entretiens avec des maraîchers aux pratiques alternatives. Des rencontres avec des profils variés. Différentes générations mais aussi différentes expériences, selon qu’il s’agisse d’installations anciennes ou récentes, s’expriment sur leur quotidien.
Le spectacle intègre également l’expérience directe de Simon Vialle, qui interprète la pièce avec Isabelle Loridan. Un comédien, donc, mais aussi un maraîcher depuis six ans. Jeanne Cousseau connaît d’ailleurs bien la ferme de Simon puisqu’elle en a suivi la naissance et le développement notamment en enregistrant, filmant et photographiant son évolution.
Ces différentes expériences de vie et de travail sont reprises dans le spectacle sous la forme d’interviews reconstituées. Des textes, des chansons et des scènes muettes, où les mains dansent, inspirées des gestes des maraîchers, ajoutent une note poétique. Des séquences thématiques qui abordent un sujet précis, comme le scandale de la patate transformée, donne une dimension politique.
Cette approche permet de transmettre les paroles recueillies en utilisant les moyens de l’art (expressivité, émotions, création d’images, sensations, poésie…) pour marquer chaque spectateur de façon plus intime et personnelle que par un discours didactique ou militant.
Un spectacle, deux versions
La pièce sera proposée à la fois dans des lieux de spectacle classiques comme les théâtres ou les centres culturels. Pour toucher un public le plus large possible, elle sera toutefois également jouée dans des lieux plus inédits. Fermes, lieux associatifs, établissements scolaires, maisons de la ruralité, centres d’éducation permanente etc. auront ainsi l’occasion d’accueillir le public pour quelques représentations.
La multiplicité des lieux impose cependant quelques contraintes. Pour y faire face, le spectacle est conçu en deux versions. En l’occurrence, une version complète avec scénographie, lumière et musique live et une version modulaire, en duo, sans technique ni décor.
La version modulaire permet de sortir des institutions et d’apporter l’art dans des lieux ou à des moments inhabituels. De cette façon, les spectateurs assistent à une expérience culturelle dans des endroits qu’ils fréquentent généralement pour d’autres motifs.
Une tournée en Belgique et en France
La première s’est déroulée dans sa version modulaire en février 2024 au Petit Théâtre de la Grande Vie à Rochefort. D’ici la fin de l’année, des résidences de création sont prévues pour finaliser la forme spectacle. Les représentations des deux versions du spectacle pourront alors se dérouler au moins jusqu’en juin 2026. Une tournée est d’ores et déjà programmée en Belgique et en France.
Chaque représentation se veut un partage réciproque entre l’équipe artistique et les spectateurs depuis la récolte des témoignages jusqu’à la récolte des ressentis des publics. C’est pourquoi la pièce s’accompagne le plus souvent possible de débats avec le public.
Un spectacle à suivre
La Fondation QiGreen admet qu’il est difficile pour le grand public d’appréhender pleinement les enjeux actuels de l’agriculture, du maraîchage et du rapport au vivant. Elle apprécie l’ambition du projet de toucher intimement une audience, par un procédé artistique, afin de lui faire prendre conscience de la réalité vécue par les acteurs d’un secteur très diversifié. Elle a donc choisi de soutenir la production et la diffusion de ce spectacle multiforme, documenté par le travail d’agriculteurs actifs dans des contextes variés en Belgique et en France.
Écriture et mise en scène : Jeanne Cousseau
Interprétation : Simon Vialle et Isabelle Loridan
Musique composée par Dominique Pifarély, interprétée par Cécile Vérolles et enregistrée par Clément Laforce.
Visuel : Charlotte Bohn
Production : Compagnie Quelqu’unS
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